jeudi 4 novembre 2010

Tour d'Amérique du Sud et centrale

Pour conter mon nouveau périple, mais également fournir des informations sur le projet, voyez le site suivant (en cours de construction): www.voyagenficelle.net

mercredi 22 septembre 2010

Ulenkrug: semer l'avenir pour récolter la diversité

Il y a des expériences qui marquent dans une vie. Mon séjour au sein de la communauté d'Ulenkrug en fait sans aucun doute partie. Sans connaître aucun membre de la coopérative au préalable, mes rencontres avec leurs amis m'avaient convaincu de leur rendre visite, en leur fief situé non loin du village de Stubbendorf, en ex-RDA. Arrivé par la route, à pied, j'ai pu apprécier le calme de l'endroit, presque boudé par les voitures, sous un ciel exempt des panaches blancs marquant le passage des turbomachines aériennes. En descendant le chemin menant à l'auberge des chouettes, traduction littérale d'Ulenkrug, on ne se doute pas du bouillonnement alternatif qui y trouve place, seules quelques roulottes et le vieux hangar agricole s'offrant alors à la vue du voyageur.

En approchant d'Ulenkrug

Je suis arrivé en début d'après-midi, juste après le repas, sans trop comprendre ce qui se passait autour de moi, alors qu'on m'invitait à me servir dans les restes encore chauds du repas communautaire. Petit-à-petit, avec patience et persévérance, j'ai appris à connaître les habitants de ce lieu peu commun, tâche rendue plus hardue par les nombreuses entrées et sorties de la communauté, particulièrement en cette fin d'été, mais aussi par la langue. Mais attention, si la langue principale est l'Allemand, presque tout le monde parle français, ce qui est dû à la forte concentration de coopératives de Longo Maï dans le Sud de la France. Et il n'est pas rare d'entendre des conversations dans cette langue à Ulenkrug, du fait de la présence de deux françaises au sein de la communauté. L'anglais est aussi utilisé lors de la visite d'hôtes étrangers et était d'ailleurs la langue commune que j'utilisais avec ceux qui ne maîtrisaient pas le Français. A moins que ce ne soit l'Espagnol, également pratiqué par plusieurs habitants, et renforcé par l'appartenance au réseau d'une coopérative costaricaine. Bref, un melting pot à majorité germanique, mais à dimension vraiment européenne.

Après quelques jours d'adaptation, je me suis habitué au rythme de la ferme et aux quelques règles de vie en communauté. Un aspect relativement dépaysant est la vie sans argent. Habitué à sentir mon portefeuille contre ma cuisse droite, le fait de le retrouver après trois semaines à cette place fut une étrange sensation. Vivre sans argent est bien agréable, et est d'ailleurs pour certains une des motivations principales pour le projet. Attention, il ne s'agit pas de vivre en autarcie: la gestion de l'argent pour les achats extérieurs est assurée par quelques personnes et le montage financier global du réseau se fait à Bâle, en Suisse, via quelques membres dévoués. A Ulenkrug, tout le monde travaille pour la communauté, sans hiérarchie établie, et l'ensemble de ce travail collectif crée la base de la vie du lieu. S'il n'y pas de responsable, comme ils aiment à le répéter, chacun se sent investi de sa tâche, et des spécialisations sont bien présentes, en fonction des affinités.

La base du travail est liée à la recherche d'une autonomie alimentaire à partir d'une agriculture écologique. C'est ainsi que plusieurs hectares sont consacrés à la culture des céréales, telles le blé, l'orge et l'épeautre, ainsi qu'aux lentilles. La plupart des céréales viennent compléter la base alimentaire des quelques cochons, de la dizaine de vaches, et des chevaux de trait et ânes. Un peu plus loin, dans les champs, une bonne centaine de moutons sont surveillés avec passion, et déplacés de pâturage en pâturage au gré de leur appétit. A proximité de la ferme gambadent des poules, des oies, et trois petits canards sympathiques, dont la nourriture espérée par tous est la limace. C'est pourquoi la maison des canards jouxte le potager entretenu avec amour quotidiennement par plusieurs jardiniers. Ils ne sont néanmoins pas les seuls à s'y courber: de nombreux volontaires se joignent à eux pour les récoltes laborieuses, telle celle des haricots.

A côté de l'alimentation, la communauté profite de l'été pour faire avancer différents projets. Ainsi, durant mon séjour, j'ai participé au « bouwstelle », à savoir la construction d'un plafond en terre-paille, ainsi qu'au remplacement d'un enclos pour les vaches. Un grand projet aussi à l'œuvre était la construction d'une nouvelle serre, pour le maraîchage.

Si tous ces travaux sont liés à la vie au sein de la ferme, un autre type d'activité jalonne l'existence de la communauté: l'activisme politique. Et il faut le voir pour le croire, tant cet aspect est maintenu vivace par les habitants. En trois semaines, j'aurai assisté à trois actions concrètes: la cuisine lors du camp antifasciste Ajuka auquel ont assisté tous les enfants de la ferme, le soutien lors d'une audience d'un sans-papier et la manifestation au pied de la patate OGM qui secoue l'Europe: la patate Amflora de BASF. Autant de sujets pour alimenter la réflexion, et qui permettent d'apercevoir la diversité des engagements, chacun ayant ses luttes favorites. Un sujet qui m'a particulièrement touché est la sauvegarde par la reproduction des semences, réalisée de façon forte à Ulenkrug, qui est très impliqué dans le domaine, via la culture de variétés anciennes, l'organisation de forums et de bourses d'échange de semences et d'une campagne internationale pour lutter contre le brevetage du vivant, via le Forum Civique Européen.

Jürgen et moi, arborant les T-shirts de faucheurs volontaires

Après trois semaines intenses, j'ai quitté Ulenkrug avec plus de questions que de réponses. Il est en effet bien difficile de comprendre la complexité de ce mouvement organique, qui est en soi un chantier d'expérimentation du vivre ensemble. Si le travail est pour la vie et non l'inverse à Ulenkrug, j'aurai quand même relativement beaucoup bossé au sein de la communauté, comme tous. Attention, toujours dans la bonne humeur et avec une valorisation collective, mais en tant que visiteur, et sans doute comme habitant aussi, il est bien difficile de sentir si on en a fait assez ou pas. A cheval entre vie communautaire, respect de la nature et activisme, chaque habitant tente de se réaliser à-travers l'expérience commune... qui dure depuis quinze ans...

Campagne « Semer l'avenir pour récolter la diversité »
La pétition sera remise aux instances européennes à Bruxelles lors de la journée d'actions du 17 avril 2011, où j'encourage tout le monde à se joindre au mouvement, en ce jour des paysans sans terre.

vendredi 13 août 2010

Images de Transylvanie

Moi travaillant dans le jardin
A table!
Criquets aux couleurs flamboyantes
No comment
Maison typique, occupée par la famille d´Arón
On ne passe pas!
Au royaume des cigognes (et pas seulement de Dracula)
Tomasz expliquant sa technique à Arón

Kászonszék Ökofalu

Renseigné chaleureusement par Jo et Pete, l'écovillage de Kaszonszek est devenu mon point de chute en Transylvanie, après confirmation par Arón que je pouvais passer par là. Après deux jours de stop, entrecoupés par un passage chez Gabi et Sara à Bucharest, je suis arrivé à Iacobeni, un des cinq villages formant la région de  Kaszonszek. Arón m'accueille au sein de sa petite famille, complétée par Marta et leur petite fille âgée de 2 mois. Au même moment arrivent deux autres visiteurs, Imler et Csaba, un ami Hongrois de la famille et son fils. J'apprends que la Transylvanie est d'ailleurs plus hongroise que roumaine, les Hongrois vivant en majorité dans cette région montagneuse. Arón et Marta sont d'ailleurs, eux aussi, hongrois. Cette situation vient du fait que la Hongrie fut amputée d'une bonne partie de son territoire après la première guerre mondiale.

Le jardin est normalement le territoire de la femme. Marta ayant un sacré boulot depuis la naissance, un petit débrousaillage s'impose et on s'y colle Imler, Csaba et moi. Ensuite, nous découvrons sous un beau soleil de fin de journée les paysages superbes qui ont inspiré Arón. Un temps qui ne laisse pas présager du déluge de lendemain, qui manque de nous retenir dans le village où nous sommes allés rencontrer un violoniste traditionnel. Les averses de cette année sont les plus importantes jamais connues d'après les anciens. Elles ont provoqué de nombreux dégâts deux semaines avant mon arrivée. Pensant d'abord rester seulement 2 ou 3 jours, les discussions entamées avec Arón présagent d'échanges enrichissants, et je resterai finalement une semaine au sein de son foyer. Je passe les jours suivants principalement à travailler sur mon projet dans son bureau servant à la fois pour ces travaux d'architecture et pour l'accueil de visiteurs pour l'écovillage. Je me rends d'ailleurs compte que le projet d'écovillage est plus fait d'idées que de réalisations concrètes, qui sont encore à mettre en place. Mais les discussions que nous avons permettent en fait à chacun d'éclairer son chemin, ce qui me conforte dans « ma mission ». Je fais aussi la découverte de Tomasz et Agnès, couple vivant en Belgique. Tomasz est fabricant de kobos, instrument traditionnel de Transylvanie. Aucune formation n'existant pour cet instrument, Tomasz a créé son premier instrument à l'aveugle, et continue à réfléchir comment améliorer sa technique.

Un peu avant de partir, j'aurai l'occasion de visiter quelques sources d'eau minérale, gazeuse, ce qui est une découverte pour moi et s'explique par l'activité volcanique. La région regorge de telles sources de même que d'une grande variété de plantes médicinales, ce qui conforte Arón dans sa certitude que cette région est à préserver, dans son combat pour instaurer un nouveau mode de vie, basé sur le respect de la nature du lieu, la solidarité entre les habitants, et la force des traditions. Après l'American Dream, il est convaincu comme moi qu'un nouvel idéal est nécessaire, qui soit mobilisateur, pour allierla modernité dont rêvent les villageois et les modes de productions traditionnels, encore bien présents à Kaszonszek.

Photos Bulgarie

Veliko Tarnovo

Jardin de Paul

jardin de Paul

Coupe de bois avec Paul

Première nuit à l'hôtel, la tente ayant retrouvé son propriétaire à Ankara
Vladimir
Angel, mon hôte à Haskovo
La plus grande statue de la vierge au monde, selon Angel
Leaving Haskovo, on the road again
Le point scintillant de Shipka
Le salon de Paul: waow!

jeudi 5 août 2010

Traversée de la Bulgarie

Pour mon retour sur la route du stop, j'ai choisi d'être modeste, en m'arrêtant à Haskovo, au Sud de la Bulgarie, et pas très loin de la frontière turque. Malheureusement, ayant manqué l'autoroute devant me mener directement à la frontière, je longe la Mer de Marmara quasiment jusqu'à la Grèce, avant de remonter à Edirne. Ayant passé la frontière de nuit, en doublant avec un certain plaisir les voitures à l'arrêt, je me repose dans un motel bulgare juste après la frontière, où un jeune berger malinois signale ma présence nocturne. Ce n'est que le lendemain que je rencontre Angel, mon hôte de Couchsurfing, sur le tarmac brûlant jouxtant un station service. Il me fait visiter sa ville, petite et paisible, qui devrait acquérir selon lui une certaine célébrité depuis l'érection d'une statue de la vierge de taille inégalée. Le lendemain matin, m'ayant accompagné jusqu'à une station-service, il me trouve un lift jusque Stara Zagora, dans ma remontée vers la Roumanie. Mais mon voyage s'arrête d'abord à Shipka, petite ville de montagne, par les volontés du destin. Je ne comptais en effet pas m'y arrêter. Ce n'est qu'après deux heures d'attente infructueuse que je modifie mon panneau de stop pour y inscrire Shipka. Après avoir vu de plus près l'église dont le clocher lumineux est visible à des kilomètres dans la vallée, je vais me ravitailler en eau dans une épicerie. C'est en sortant de là que je rencontre Jo et Pete, deux Anglais en voyage, eux aussi. Là où ça devient carrément incroyable, c'est quand ils m'apprennent qu'il y a un lieu de formation en permaculture, appelé Permaship. Ils m'y emmènent, après m'avoir donné des contacts pour la Transylvanie. Je rencontre alors Paul, vivant dans un petit coin de paradis avec sa famille. Comptant repartir rapidement, je passe finalement trois jours dans l'endroit, charmé par le coin, la paix de la maison, et l'hospitalité de Paul. Nous échangeons sur nos projets respectifs, et je l'aide à couper du bois. La visite du jardin est un grand moment, Paul m'expliquant le tout début, lorsque le premier arbre planté s'était littéralement fait envahir par les insectes bourdonnant, avant que les oiseaux n'arrivent petit-à-petit nettoyer tout ça, et que le cycle de la vie ne vienne embellir jour après jour le jardin en chantier. C'est avec émotion que je quitte Permaship, en direction de Bucharest où Gabi et Sara m'attendent pour des retrouvailles. C'est devenu une habitude pour moi: je passe la frontière de nuit, à Ruse, non sans devoir batailler pour pouvoir passer à pied. Les gardes, de mèche avec les taxis, essaient effectivement de me faire passer le Danube par ce moyen. Je finis finalement par faire du stop entre deux postes de garde et un routier Hongrois me fait passer en Roumanie. Fatigué, je suis accueilli par Gabi et Sara sur le parking des camionneurs.

mercredi 4 août 2010

Photos d'Istanbul

L'intérieur de la mosquée bleue

La rive européenne du Bosphore, Eminönü et ses mosquées

Mosquée Hagia Sophia (Sainte Sophie)

Vue de l'appartement de Dinemis
Köfte préparé par le père de Pelin
Pelin et des lentilles corail du coin
Dans une main le micro, dans l'autre... le GSM!
Taksim, by night
Traversée du Bosphore, l'Asie s'éloignant
Pêche inefficace dans une rivière polluée (la norme)
Cachez-moi ces vieux buildings que je ne saurais voir...
Animations pour enfants gitans
L'entrée de la zone "riche" où habite Dinemis

Séjour à Istanbul

Après le forum social, j'ai passé presque trois semaines aux alentours de la ville. J'en retiendrai l'amabilité des Turcs, la traversée du Bosphore en bateau, agrémentée des odeurs de poisson grillé vendus en sandwich pour des sommes variant de 2.5 à 4 Lires, ainsi que les contrastes entre tradition et modernité, ainsi qu'entre classes sociales. Après une première semaine durant le forum marquée par des jours de pluie, la suite s'est avérée beaucoup plus ensoleillée, avec un température courante de 30 degrés.

Ce séjour m'a permis de découvrir un peu mieux la ville, et ses alentours qui me laissent songeur, de par l'extension de buildings hideux. Après quelques jours passés dans un hall sportif à Kadoköy, accompagnés par quelques centaines d'activistes sans logement, j'ai profité des bons soins d'Olcay, qui m'a trouvé tout d'abord un hébergement en plein centre ville, chez son amie Pelin, puis à une heure du centre chez Dinemis. Si l'appartement de Pelin était très mignon dans ce vieux quartier de Taksim (centre en Turc), l'appartement de Dinemis était situé dans une enceinte protégée par des postes de garde et des caméras et autres détecteurs de mouvement.

Pelin, ingénieure en décrochage, comme moi ;-), donne des cours de cuisine et de jardinage dans une école durant l'année scolaire, réservant une part de ses vacances à la permanence d'un local situé dans un quartier pauvre et destiné à des enfants "gitans". J'ai ainsi pu échanger pas mal avec elle nos vues alimentaires, et participer à une après-midi dans ce quartier. Pour la majorité, cette semaine aura été une semaine de repos, pour récupérer de la fatigue accumulée.

Dinemis, elle aussi ingénieure, et presqu'en décrochage, vit dans un endroit qui correspond peu à sa mentalité. Accueillante et ouverte d'esprit, elle cadre en effet peu avec le style piscine et terrain de tennis privés protégés dans l'enceinte. Ceci dit, j'ai profité de l'occasion pour retâter de la raquette, et continuer le soin de mon épaule en faisant des longueurs.

Mon principal contact fut donc Olcay, qui m'a expliqué ses activités au sein d'une organisation de soutien aux coopératives agricoles, à un groupe d'achat, et au lien entre les deux. Séduite par la ficelle, elle va mettre en route la traduction du (de plus en plus) célèbre jeu dans sa langue.

Mon séjour de récupération, de visite, et de préparation de la suite devait bien avoir une fin et j'ai quitté Istanbul avec l'intention de visiter des coopératives de Longo Maï, en passant par la Transylvanie qui m'a séduite à l'aller. Au revoir Istanbul!

mardi 13 juillet 2010

European social forum Istanbul

I attended the social forum at the beginning of July. Continental declination of the World Social Forum, it takes place each two years in a different city. After Malmö in Sweden two years ago, this forum was held in Istanbul. The website of the forum describes it as follows:

European Social Forum, is an open space where civil society groups and movements opposed to neo-liberalism and a world dominated by capital or by any form of imperialism, but engaged in building a society centered on the human person, come together to pursue their thinking, to debate ideas democratically, to formulate proposals, to share their experiences freely and to network for effective action.

I arrived there two days before the beginning of the event and I was surprised not to find anybody knowing about it at the university where it should take place. Just the head of the faculty knew there would be a forum, but didn't seem to have any specific information about it. But the way, I met Martin and Masha coming from Ukraine after crossing the Black Sea. I shared my astonishment with them and learned about a surprising university in Kassel-Witzenhausen, in Germany. There stands a faculty of ecological agriculture, from 1993, after some huge demonstrations of students, complaining about the capitalistic tendency of ecology. I learned a lot about commercial ships with him. He told me for example how France was using aeronautical budgets to bring "French brands" across the Atlantic Ocean.

The next day, with foreigner's arrival and Turkish manpower to mount the stage, it looked like there was a forum eventually. At night, took place the official opening of the forum, with speeches and concerts.

On the 1st and 2d of July, there were plenty of seminars, 3 hours of duration for each one! I first attended a session about the future of the social forum. This showed me how pessimistic people were about the crisis, and the forum itself. I liked a lot the words of Tord Björk, at the end of the session, reclaiming the field of agriculture and food sovereignty. He was frustrated that we didn't speak at all of peasants.

In the next session, about food sovereignty, he explained us how peasants were in fact in front of many social movements in history. During this interactive session, everybody introduced himself saying how he was concerned by the subject, and then appeared a diversified pattern of alternatives and fights for food sovereignty in Europe. I particularly met French, Turkish and Swedish people. From France, Confédération paysanne, Cultures solidaires and Longo Maï (an international network of cooperative communities) were represented. For part of the session, I experienced the difficult task of simultaneous translation between French and English, taking so much energy that I just didn't go to the last session.

On next day, I attended a seminar about patriarchal and neoliberal myths in education. Organized by feminist movements, I was one of the few men attending the session. Everybody agreed that our education systems, though different in many ways, all carry patriarchal views in an education process dominated by competition and in which teachers have to deal with more and more frames, limiting their autonomy in teaching. Marta, an Italian living in Belgium arose the question of boys which are also affected by the patriarchal pictures. I went further saying men are also in crisis in this system, and that the fights around the gender themes was a fight of whole society, not just of women. Moreover, about education, the teacher-pupil relationship must also be reconsidered, as some alternative schools experiment it, as for example, Pédagogie Nomade in Belgium.

After this, I went to a seminar organized by organizations close to Via Campesina. The speakers spoke about the consequences of the capitalist view of agriculture in Europe, with examples from France, Turkey and Morocco. It was obvious that the result is everywhere the same: a destruction of the life of small peasants and of rural communities, the destruction of the environment and the biodiversity, and a low food quality.

On Saturday, last day of seminars, I chose to attend a seminar organized by trade unionists from different countries about the link between social fights and ecology. Dominated by latin people the debate showed it is still difficult for trade unionists to think outside the capitalistic system, and adopt another paradigm. Do we just fight to keep jobs, or fight for better ones? There was no consensus about this. Most of the trade unionists gave only importance to actions, without admitting there was a need of thinking. Fortunately, trade unionists of Nordic countries showed more consistency about the need of a global thinking, and of a strong political action.

On the evening was organized a demonstration in the city, to which many different groups took part: trade unionists, pacifists, associations,... Mainly Turkish organizations, among which pro-Kurd and pro-Palestinian activists.

The forum ended on Sunday with an agreement on a general strike for the 29th of September in all Europe, a day already decided for a strike of trade unions. It was obvious, during all the forum, that many things have to change to transform it in a real place of decision. First of all, no clear and promoting message went out of the forum. Without this core point, no one can expect the forum to give any concrete result of convergence, neither to attract new persons to the movement. In Cochabamba, at the earth forum (counter forum of Copenhagen), they used the slogan "Bien Vivir" (good life) in opposition to "economic growth" as motor of humanity. Such slogan, and an agreement about basic points aren't yet a concrete result. I hope like many we'll change this for the next one!


Quelques précisions

Les notes du forum social européen sont denses, aussi je vous propose de répondre via ce forum à toutes les questions que vous vous posez à la lecture du blog. Si vous avez manqué un épisode, vous n'êtes sans doute pas les seuls. De même, vos critiques sont les bienvenues, la diversité des opinions et points de vue ne peut qu'enrichir les débats que je relaie via ce blog. Cette diversité est même indispensable pour complexifier la compréhension, car ce n'est que mon point de vue des choses. Vous pouvez aussi m'écrire pour plus d'intimité à sebastienmeyer@yahoo.fr.

Par ailleurs, je fais et ferai encore souvent référence au jeu de la ficelle, il s'agit d'un jeu de rôle que j'anime depuis quelques temps, dont vous pourrez trouver une petite définition dans la page situé dans la colonne de droite du blog (Le projet en quelques mots). Ce jeu est téléchargeable gratuitement sur

http://rdcontinents.canalblog.com/archives/2009/09/02/15234310.html

Je suis toujours à Istanbul, en train de préparer la suite du voyage en Europe (retour prévu en septembre en Belgique), ainsi que le grand tour d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale (départ en octobre).

Merci pour votre suivi!

Forum social européen 01-04 juillet 2010 (2)

Samedi 3 juillet

Link between social and environmental crisis – The transition towards a different economic model
Trois syndicats étaient représentés, de trois pays différents: France, Italie et Norvège. La question de l'emploi était omniprésente, et le discours stérile, avant l'intervention du représentant norvégien, Asbjørn Wahl, qui me montra encore une fois que les pays nordiques ont une longueur d'avance en matière d'écologie. Le Syndicat qu'il représentait avait en effet publié un rapport très éclairé sur la nécessité d'avoir une vue globale de la crise sociale, en y intégrant toutes les dimensions, en proposant une réduction du temps de travail et en remettant en cause la croissance économique et la surexploitation, parties intégrantes du modèle capitaliste. Considérant le problème de nature politique, plutôt que technique, ce groupe considérait aussi qu'il ne s'agit pas de renoncer à des droits, mais de bâtir une meilleure société. Je ne pus m'empêcher d'intervenir dans le débat qui suivit pour indiquer qu'une reconversion de l'agriculture créerait énormément d'emplois, et que le problème écologique ne se résumait pas aux énergies renouvelables, mais bien à l'ensemble de la société, les emplois créés évoqués traitant toujours d'énergies renouvelables et de transport. Refusant de m'exprimer en français, devant l'attitude parfois grossière des représentants de l'Hexagone, mon intervention ne sembla pas émouvoir grand monde. Globalement, ce que je pus voir dans les débats est une absence de réelle remise en question profonde de notre système, malgré quelques tentatives comme celles des Scandinaves ou d'un syndicaliste basque, insistant sur la nécessité de combiner réflexion et actions concrètes. Ces positions furent combattues assez farouchement par des syndicalistes dominants qui ne prônaient que l'action.


Petit jeu: placer les drapeaux (Norvège, France, Italie), intrus: traduction.

Education assembly
J'ai ensuite assisté à la clôture des différents séminaires relatifs à l'éducation, un moment qui ne restera pas gravé dans ma mémoire, tant la session fut désorganisée et peu intéressante pour l'assistance.


Quand le désordre règne...

Manifestation dans les rues d'Istanbul
En fin de journée avait lieu une manifestation générale, où différents mouvements étaient représentés, principalement des Turcs, avec notamment des Kurdes, ainsi que des drapeaux palestiniens, flottant tels des navires pacifistes dont on connait le sort.

Une vidéo réalisée par Olga, sur http://www.youtube.com/watch?v=MqTlQpRdXvk
A noter que Youtube n'est pas accessible en Turquie, car quelqu'un a osé y critiquer Atatürk, depuis c'est bloqué.



Rebekae, Marta, Jérôme, Samir, Vladimir et moi.

Dimanche 4 juillet: assemblée finale

Après trois journées de débats, ce moment devait clôturer les enseignements tirés de chaque thématique et préparer la suite des événements au niveau européen. Ainsi deux d'entre eux sont clairs: une manifestation générale incluant tous les syndicats européens le 29 septembre. Si l'action fut unanimement acceptée, malgré la tentative des syndicats de vouloir apparaître comme instigateurs de celle-ci, le slogan porteur fâcha, puisqu'il comportait la croissance économique. L'autre événement sera une rencontre à Paris pour discuter des changements à opérer en vue du prochain forum. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a du pain sur la planche, au vu du déroulement de ce forum d'Istanbul! Le principal problème, que j'ai déjà évoqué semblant être le pouvoir fédérateur du mouvement, qui doit clairement s'appuyer sur des bases solides. Le point positif, c'est que de nombreux jeunes sont là, et semblent prêts à prendre le relais d'une équipe (monopole latin) ayant du mal à favoriser l'ouverture de vrais débats. Mon espoir est que le mouvement se concentre davantage sur la définition de nos valeurs communes, et la promotion de celles-ci, avec leur déclinaisons dans nos réflexions et nos actions. Espérant comprendre un peu plus les moyens d'actions au niveau européen, je partirai finalement déçu sur ce point. Par contre, je suis alerté sur la nécessité de changement de paradigme au sein même du forum, et en ressors nourri des nombreux contacts faits sur place.


La messe finale

mercredi 7 juillet 2010

Forum social européen 01-04 juillet 2010 (1)

La première question qu'on pourrait légitiment se poser, c'est: « C'est quoi un forum social? ». Alors tout a commencé en 2001 à Porto Alegre, au Brésil, où s'est tenu le premier forum social mondial. L'objectif de ce forum: réunir des mouvements sociaux de toute la planète pour faire converger leurs luttes et s'opposer à la mondialisation néo-libérale. Ensuite, chaque année puis tous les deux ans à partir de 2007 ont été organisés d'autres forums mondiaux, avant que des forums locaux ne voient le jour, comme à Florence pour le premier FSE en 2002, ainsi que des forums thématiques. Le leitmotiv, ayant donné son nom au mouvement, est qu'un autre monde (entendez une autre mondialisation) est possible. Souvent montré comme un mouvement protestataire incohérent, j'espère que les lignes suivantes permettront de comprendre que, si le mouvement est en difficulté, il n'en a pas moins toute sa raison d'être, et ne mérite pas tous les clichés qu'on peut en avoir à travers les médias. Il s'agit bien sûr de mon point de vue, de l'intérieur du forum, en mêlant récit et analyse.

Mardi 29 juin
Arrivé à Istanbul le lundi 28 juin, j'ai pu récupérer quelque peu du voyage, profitant de l'hébergement de Rabia, une surfeuse de divan comme moi. Mardi après-midi, je me suis dirigé vers l'université technique d'Istanbul, à Matchka, seule information dont je disposais pour l'inscription au forum. Arrivé là-bas, personne n'était au courant qu'un forum allait se tenir, et c'est grâce au dévouement d'une chercheuse ingénieur que j'ai pu rencontrer le directeur du lieu, qui n'en savait pas beaucoup plus. Cependant, j'ai pu partager mon désarroi avec un couple venu d'Ukraine, Masha et Martin. Martin est en fait un altermondialiste convaincu, qui n'en est pas à son coup d'essai. Par cette rencontre, on s'est senti un peu moins seuls et Martin m'a même invité à partager un repas végétarien devant un magasin bio d'Istanbul, en discutant navigation. C'est ainsi que j'ai appris que les programmes spatiaux européens financent le transport maritime de camembert dans les Antilles. Personnalité éclectique au parcours totalement atypique, Martin est notamment diplômé de l'université de Kassel-Witzenhausen au centre de l'Allemagne. L'histoire de cette école vaut le détour puisqu'elle comporte une faculté d'agriculture écologique, fruit d'une bataille estudiantine incroyable en 1992, tracteurs et bestiaux à l'appui. Au lieu de continuer sur une vision capitaliste de l'écologie (Green is green : l'écologie est verte par la couleur du dollar), les étudiants ont obtenu un programme pluridisciplinaire et une méthode d'enseignement dynamique. Vous pourrez trouver facilement plus d'infos sur internet.

Mercredi 30 juin
Si le début officiel du forum était fixé au premier juillet, le 30 juin ouvrait le bal par des discours et des concerts, et l'arrivée massive d'étrangers, parallèlement au montage de tentes et podium par les organisateurs turcs, permirent de passer de l'anonymat de la veille à l'allure d'un petit festival d'été. Ce fut ma rencontre avec les Russes, venus en groupe défendre leurs vues communistes, et mes retrouvailles avec Samir, activiste Togolais amateur de ficelles, lui aussi (comment je vais traduire ça en anglais? ;-)). Avant de s'endormir dans le gymnase apprêté pour l'occasion, Vladimir, ancien espion en télécommunications, proposa un petit rituel autour d'un verre de vodka, chacun faisant un petit speech de ses attentes du meeting avant d'avaler une quantité très raisonnable du célèbre breuvage.

Jeudi 1er juillet
Sur le programme reçu la veille, j'avais épinglé plusieurs ateliers. D'une durée de trois heures chacun(!), la journée comportait trois sessions avec, à chaque fois, une multitude de choix possibles, dans les différentes thématiques du forum. Malheureusement, la place laissée à l'alimentation et l'agriculture était très maigre, la souveraineté alimentaire n'étant qu'un sous-point de la thématique développement durable, et seuls deux petits séminaires y étaient consacrés, dont un l'après midi. Avant, je choisis d'écouter qui allait se dire au sujet du forum social européen.

What future for the ESF and the european social movements facing the global crisis?
Pas mal comme entrée en matière, surtout que le discours dominant était que le forum est en crise, n'arrivant pas à évoluer, perdant à chaque fois des participants (de 50 000 à Florence à 3000 ici à Istanbul), et reflétant les problèmes de la société civile à répondre aux crises que nous vivons. Ces crises sont nombreuses, mais le système capitaliste, lui, va bien, comme l'ont rappelé des intervenants. Si tout le monde s'accordait pour dire que le forum était nécessaire, étant un des seuls lieux réunissant syndicats, mouvements citoyens et penseurs de gauche au niveau européen, personne ne semblait avoir de solution réelle à proposer. C'est peut-être ce qui manque le plus à l'heure actuelle, une utopie fédératrice, un horizon qui permette à chacun d'entrer dans l'action, ou de rattacher son action à un mouvement d'ensemble. Face aux symboles et à la machine de propagande du modèle dominant, le monde alternatif est apparu en effet, en tout cas lors de cette séance, en recherche de sens. D'où à mon avis un besoin d'aller au bout de la réflexion théorique, afin de remettre en cause les bases du système, plutôt que de penser en-dedans, comme semblaient encore le faire beaucoup d'intervenants. Une proposition du CADTM (comité pour l'annulation de la dette du Tiers Monde) allait dans ce sens, en disant que la notion de croissance, véritable moteur de notre système devrait sans doute être combattue par un slogan plus fort que « un autre monde est possible », comme par exemple le « bien vivir » (« vivre bien ») utilisé lors du sommet de la terre à Cochabamba en avril 2010. A la fin des interventions, très nombreuses et majoritairement latines, intervint quelqu'un qui me plût beaucoup. Il parla de l'absence quasi-totale des paysans, dont on devrait beaucoup plus parler. Il s'avéra que ce serait l'orateur principal du séminaire suivant auquel je voulais assister, et je l'accompagnai jusque là, en discutant circuits courts d'alimentation et groupes d'achats communs.

Sustainable transition towards food sovereignty and climate justice
Tord Björk, écologiste et militant de longue date, et membre des Amis de la terre Suède, décida de faire un cercle afin que nous partagions nos expériences, après une courte introduction. Horreur: les tables étaient vissées au sol! Nous nous sommes donc assis sur les tables, bien décidés à ne pas nous laisser enfermer par la rigidité des lieux. Un point important marquait l'introduction de Tord: le rôle des paysans dans les grandes révolutions (soviétique, cubaine, sandiniste, zapatiste), raison pour laquelle il est convaincu que la réponse viendra d'eux, alors qu'un génocide planétaire est en cours envers eux. Il prit pour appuyer son propos l'exemple de la Somalie où, après avoir tout privatisé, nous avons pris leur nourriture (notamment par des pêches intensives) pour s'étonner après qu'ils virent dans la piraterie... Pour plus d'infos sur le sujet, je vous conseille de taper « Somalie Michel Collon » dans Google. Les échanges furent riches, et portant finalement quasi-exclusivement sur la souveraineté alimentaire, avec des initiatives multiples de Malmö en Suède (groupes d'achats, magasins bios, actions citoyennes), de France (expérience du réseau Longo Maï qui possède même une radio (radiozinzine.org), Confédération paysanne), de Turquie (cours de cuisine, coopératives, recherches politique et anthropologique),... Plusieurs français ne maîtrisaient pas l'anglais. Lorsqu'un traducteur partit, je fus promus traducteur simultané fr-ang/ang-fr. Une expérience que je n'oublierai pas de sitôt, tant l'effort de concentration fut intense. Tellement intense que je décidai à la fin de l'atelier d'en terminer là ma journée, non sans avoir parlé de groupe d'achat commun, de jeu de la ficelle et de mon projet de tour du « monde alternatif ».

Vendredi 2 juillet
Félicitations aux lecteurs qui sont toujours là, je sais c'est long mais c'est important! Avant de me rendre au second séminaire traitant de l'alimentation, l'après-midi, je décidai de me joindre à celui traitant des mythes néo-libéraux et patriarcaux dans l'éducation.

Mythes du néo-libéralisme et du patriarcat dans l'éducation
Organisé par des mouvements féministes, cet atelier me permit d'entendre les expériences de personnes venant d'un peu partout en Europe. J'appris notamment qu'en Turquie les professeurs sont obligés d'utiliser jusqu'aux outils choisis par le système d'éducation national. En général, tout le monde était d'ailleurs d'accord pour dire que la liberté de l'enseignant était de plus en plus réduite, les cadres et les objectifs fixés étant de plus en plus nombreux, et étant principalement axés sur la compétition. En ce qui concerne les images patriarcales véhiculées, les livres scolaires mettent toujours en avant des héros masculins, et les images patriarcales sont également entretenues par les femmes, à tous les niveaux. L'intervention que j'appréciai le plus fut celle de Marta, Italienne vivant en Belgique, qui expliqua comment les garçons n'étaient pas exempts de préjugés dans les écoles et pouvaient souffrir davantage que les filles de la situation. J'en profitai pour surenchérir et m'adresser aux féministes en disant que la lutte pour les droits des femmes était une lutte de la société dans son ensemble, et non uniquement une lutte des femmes, car l'homme voulant sortie de cette image est aussi en crise, et il n'y a pas de référence majeure dans ce domaine, contrairement au mouvement féministe qui a quelques dizaines d'années d'existence. J'ajoutai aussi qu'au-delà du rapport de genre, la question du rapport enseignant-élève était à questionner, l'enseignant ne disposant pas de la vérité absolue, et ne devant donc pas se placer en maître tout-puissant. L'exemple de l'école alternative « Pédagogie nomade » est encourageante dans ce sens. Je ne compris pas toujours tout, les langues de la session étant l'espagnol et le portugais, avec pour quelques personnes, une traduction simultanée en anglais et même en turc à partir de l'anglais! Un travail de traduction très impressionnant réalisé par des vraies professionnelles.

Sébastien parmi les femmes

Impacts de l'extension du modèle de l'agro-business européen à la Méditerranée
Rejoignant ensuite de nombreux protagonistes de la veille, je ne pus que déplorer le caractère très statique de ce séminaire (la traduction consécutive n'aidant pas), dont l'introduction courte de Marc Ollivier fut pour moi le plus fort moment. Les différents intervenants permirent de voir qu'au Maroc ou en Turquie, comme en France, les mêmes phénomènes se déroulent, à savoir, une destruction de l'agriculture paysanne, suite à la libéralisation du marché, et l'imposition de normes ridicules. Parallèlement à cette destruction de la paysannerie, les techniques utilisées détruisent l'environnement et la biodiversité, tout en fournissant des aliments de piètre qualité.


Les intervenants (dont Marc Ollivier au micro), les déclinaisons de Via Campesina et
Atatürk au mur

Jeu de la ficelle
Suite à un intérêt manifesté la veille, je décidai de faire une petite démonstration de ce qu'est le jeu de la ficelle, devant une délégation franco-turque très réceptive. Peut-être une version turque va-t-elle voir le jour...


Ah... le jeu de la ficelle, à droite Martina et Olcay, et en arrière plan...
Coca-Cola à mon grand désarroi.

Louvain-la-Neuve - Istanbul by hitchiking

Hi everybody,

A short message in my "international English", hence full of mistakes... Just a few words about my trip between my city in Belgium and Istanbul, 1000 times bigger than Louvain-la-Neuve in terms of population! In order to attend the 6th European Social Forum, I decided to raise my thumb along the way, during 8 days in total. I've met during this trip so many nice persons that it's already difficult to remember all names. Fortunately, I took the habbit of writing a diary during my travels and this helps my memory a lot! You will find in my first post in French some pictures of my hosts, some giving me a seat (sometimes broken like in Svetoslav's truck!), some a place to sleep like Gabi from Couchsurfing, or Dilyan, from Bulgaria. Crossing Europe from West to East, until this emblematic limit of Europe at the Bosphorus coast in Istanbul, I was asking questions about politics, agriculture, and family. I could find few regions of preserved ecological agriculture, excepted maybe in Transylvania. However, from the discussions, I could feel there is a recent awareness in eastern countries about this topic. People are missing tasty products and feel more and more the social effects of the european policies. In Bulgaria, I've met Elena and Ilhian, active against GMO. In their campaign of protest in the whole country they got a massive support, resulting in a prohibition of GMO's culture in Bulgaria. After this trip that showed once again how hitchiking is a good way to meet people, I arrived in Istanbul on the 28th of June, my first international social forum beginning on the 1st of July.

jeudi 1 juillet 2010

Louvain-la-Neuve - Istanbul en stop!

Après une bonne semaine de vagabondage sur les routes d'Europe, je suis arrivé lundi à Istanbul. J'avais commencé à rédiger ce premier émile du balcon de l'appartement de Rabia, situé dans un quartier chic de la rive asiatique d'Istanbul, pour le terminer à la fin de cette première journée du forum social européen.

Le voyage m'a pris huit jours, pour parcourir environ 2500 km. Plus qu'un moyen économique de voyager, le stop (et plus précisément dans mon cas présent l'auto-stop, le camion-stop et la camionnette-stop) est un formidable moyen de rencontrer ce qu'on peut appeler les paysans locaux.

Dimanche 20 juin
C'est ainsi que j'ai débuté le dimanche 20 juin de LLN avec Valentin, étudiant ingénieur en matériaux terminant sa quatrième année, qui venait de vider son kot, et s'en retournait vers son foyer de Champion. Là, après un quart d'heure d'attente, j'ai été pris par Yvonne qui, malgré un travail bien payé dans une boîte pharmaceutique (dont je tairai le nom), déplorait la mentalité de celle-ci et semblait bien décidée à réorienter sa carrière. Elle me déposa à Soumagne, sur une aire de repos, à proximité d'Evegnée-Tignée, où j'ai planté ma tente dans un pré jouxtant un quartier résidentiel.

Lundi 21 juin
Le lendemain, Wim me faisait entrer en Allemagne où il travaille comme informaticien pour une firme textile présente au Bangledesh. C'est un autre néerlandophone, Bernard, qui m'a ensuite amené jusqu'à Wülzburg dans son camion frigorifique à -22°C. Il transportait du poisson venant d'un pays nordique. Pour la petite histoire, la consigne est de -18°C mais il prend une marge pour être sûr qu'on ne refuse pas ses produits à l'arrivée! Le temps est passé très vite au fil d'une conversation bilingue: lui en français et moi en néerlandais, comme plus tôt avec Wim, bien loin des prises de tête communautaires. Un Allemand dont j'ai oublié le nom m'a alors fait progresser sur l'autoroute de Nürnberg, et m'a laissé au croisement qui permet d'aller vers Prague. Faire du stop sur une autoroute allemande, à la nuit tombée, ce n'est pas ce qui est le plus sûr au monde. J'ai donc passé la rambarde, et me suis enfoncé dans le bois avoisinant. Into the wild? Non, même pas. Après 100m, un chemin asphalté qui m'amena jusqu'au petit village de Winkelhaid où la famille Lang me réserva un bon accueil, alors que je cherchais une connexion internet.

Wim et Bernard

Mardi 22 juin
Après une nuit de camping dans leur jardin, Maria m'a déposé mardi matin deux villages plus loin, à l'entrée de l'autoroute pour Praha, où une femme allemande d'une cinquantaine d'année m'a pris en décapotable pour quelques dizaines de km, jusqu'à une station service. Après ce trajet décoiffant, je vis un camion espagnol à l'arrêt. Alfredo, routier Péruvien, conduisait des melons depuis Almeria, où il habite depuis une dizaine d'années, jusqu'en Tchéquie. Cette fois la température n'était que de 7-8°C pour ces melons jaunes et ovales, provenant de cet endroit bien connu pour le peu de soucis des externalités environnementales (les pesticides et engrais sont utilisés à outrance) ou sociales (non seulement des Nord-Africains, mais également des travailleurs des pays de l'Est y sont « employés » de façon douteuse). Alfredo me déposa à l'entrée de Praha, non sans quelques remarques d'un machisme profond, où Ivar, un sympathique Roumain me permit de rallier une bouche de métro de la capitale tchèque. Ne parvenant pas à changer mes euros à cet endroit décentré, je pris donc le risque de monter sans ticket, payable en les seules couronnes tchèques. Malheur: un contrôle renforcé à la sortie d'une des stations principales greva mon budget jusque là parfaitement contrôlé. Le soir, je fus hébergé par Jakub, un étudiant en management, dans une tour étudiante typique.

Maria et Alfredo

Mercredi 23 juin
Le lendemain, le stop s'avéra compliqué, et après une heure d'attente, je décidai de rejoindre l'aéroport. Comme lors de précédents voyages, cet endroit s'avéra très efficace. La troisième personne abordée allait dans la bonne direction et accepta de m'embarquer. Avec Pavel, ce fut une agréable visite guidée de la ville, jusqu'à une station service, pourvue d'un restaurant Mac Donald. Comble de la malbouffe, et symbole multinational des errances du capitalisme, ce Mac Do me fournit quand même une connexion internet gratuite pour la modique somme de 20 couronnes, soit le prix d'un milkshake fraise, ou plutôt d'un mélange chimique mélangé à l'eau, coloré en rose, et refroidi à grands coups de Kwh. L'endroit était idéal pour le stop, et j'ai rapidement trouvé Daniel, « Sexy Boy » comme affiché sur sa camionnette, allant retrouver son appartement à Brasov, en Roumanie.

Les kots de Praha et "Sexy Boy"


Jeudi 24 juin
La traversée avec Daniel fut longue, 22h en tout avec seulement quelques heures de sommeil, et un passage magique dans les montagnes de Transylvanie, où l'agriculture paysanne semble avoir pu subsister. Fatigué de ce trajet, je passai la journée du vendredi à Brasov, avec un campement près d'un lac, proche de la route menant à Bucarest, sur laquelle je stopperais le lendemain.

Vendredi 25 juin
Je fus pris par Árpád, livreur en camionnette, qui me parla des difficultés de son pays. En effet, le jour même, le gouvernement roumain prenait des mesures d'austérité draconiennes: 25% de salaire en moins pour les fonctionnaires, entre autres. Il m'expliqua que les industries et l'agriculture du pays avaient sombré après la chute de Ceaucescu. J'avais en effet observé un grand nombre d'usines abandonnées lors de ma traversée Ouest-Est du pays. Quand je lui ai demandé s'il y avait de l'agriculture biologique, il m'a montré le champ en bordure de la route, puis a pointé du doigt son volant. Incroyable! C'est donc cela que lui évoquait ce mot. J'ai même vu le mot « Ecologic » sur des pompes avant Bucarest. La plupart des légumes roumains sont en fait importés, et tout est chimique là-dedans, à part peut-être en Transylvanie. Árpád me déposa à Bucarest, où Simona puis Gabi m'ont bien accueilli. Membre de Couchsurfing, Gabi était mon premier hôte prévu, et la discussion politique de la soirée m'a permis de découvrir un analyste financier plein de bon sens.

Árpád, Sara, Gabi et moi.

Samedi 26 juin
Après un long moment passé avec Gabi et Sara, ils me déposèrent sur la route de Giurgiu, avant qu'un Bulgare dont j'ai oublié le nom m'amène jusqu'à Ruse, juste après la frontière. Là-bas, le stop ne fonctionnant pas, je me retrouvai à chercher un endroit où planter ma tente. La technique du jardin chez l'habitant paraissait plus sûre, au vu des nombreuses mises en garde qu'on me fit. C'est là que j'ai découvert l'hospitalité incroyable de Dilyan, marin travaillant en Allemagne, qui me montra tout fier son jardin et ses légumes bios, après une rasade de vodka. Il m'invita même à occuper une chambre de la maison qu'il rénove.

Dilyan

Dimanche 27 juin
Voulant arriver à Istanbul dans la journée, je pris la route tôt. Les trajets furent courts, entrecoupés de temps d'attente parfois longs. C'est ainsi que je fus d'abord pris par Marc, apiculteur du dimanche qui me conseilla un chemin sympa pour traverser la région. Après lui, ce fut Ivan, qui me déposa en semi-remorque à Razgrad dans une côte. C'est là que me prit Svetoslav, dans son épave roulante qui avait bien du mal à passer la côte. Pour cause, il transportait 25 tonnes de maïs! Il me déposa à Sumen où, après 10 km de marche, je suis arrivé à la route indiquée par Marc. L'endroit était bon, mais les gens n'allaient pas loin. Deux jeunes pêcheurs m'ont emmené un peu plus loin où se trouvaient des serres de tomates et un petit magasin certainement pas bio. Après une communication difficile, Christian, un Turc vivant à Smyadovo m'y emmena.

Marc et Svetoslav

Là, ma patience fut mise à rude épreuve et je pus laisser échapper un cri de victoire quand une voiture s'arrêta enfin. Deux biologistes bulgares, Elena et Ilhian ont été mes sauveurs. Elena est par ailleurs membre d'une organisation qui a réussi à interdire la production d'OGM en Bulgarie, grâce à une mobilisation citoyenne conséquente. Avec eux, j'ai traversé la chaîne balkanique qu'il parcourent en vue de la réintroduction des vautours dans ces montagnes. Il me permirent de rejoindre la jonction entre Jambol et Sofia. Là, ce fut un jeu d'enfant. Déposé près d'un parking pour camions, si près de la frontière turque, j'en trouvai rapidement plusieurs allant en Turquie. Je partis finalement avec Halil, qui m'apprit en chemin à compter jusqu'à 10 en turc. Il me déposa à la frontière mais à près de minuit, plus aucun camion ne partait vers Istanbul. Les routiers fatigués par les 8h d'avance à la vitesse de l'escargot lors du contrôle de Lesovo préférant roupiller un peu plus loin sur la route, ou sur le parking d'un motel pourri où on me demanda 25 euros pour la nuit! Refusant cette arnaque, je pris la clef des champs et dormis en bordure d'un champ de blé.

Halil
Lundi 28 juin
A l'aube, je levai le camp et me dirigeai vers les camions immobiles, et qui ne tarderaient pas à redémarrer. Je fus pris par un routier moldave, Viktor, véhiculant de la mitraille d'aluminium, qui me déposa... à Istanbul.


Quelques chiffres:
8 pays traversés
22 conducteurs dont 14 voitures, 6 camions et 2 camionnettes
Temps maximal d'attente: 2h30 à Smyadovo en Bulgarie
Plus longue distance parcourue: 1200 km, entre Praha et Brasov